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dimanche 16 janvier 2011

(je m'interroge) Financement de l'école privée?

Grosse visite sur le site de Télé-Québec.
Franchement, leur site est très bien fait et je suis content d'en faire ici la promotion. Allez naviguer dans la section vidéo et vous serez étonnés de découvrir un paquet de contenus dont on ne soupçonnerait pas l'existence.

www.telequebec.tv

Aujourd'hui j'ai visionné deux épisodes de la nouvelle émission de Claire Lamarche, Huis clos, qui pose une question chaque semaine à un jury composé de 6 personnes du public. Ceux-ci sont ensuite exposés à l'opinion d'intervenants spécialistes de la question, à certaines données statistiques ou scientifiques, avant de délibérer et clore l'émission avec un choix final : pour ou contre.

À l'écoute de l'épisode qui nous intéresse (émission du 15 octobre 2010 : Doit-on cesser de financer l'école privée? ) je m'interroge à nouveau sur notre capacité collective à repérer les éléments importants d'un sujet et à en extraire les arguments en se fondant sur une analyse objective plutôt que sur des valeurs. À cet égard, j'aime bien la position de Pierre Curzi, à propos du même sujet, lors de l'émission Bazzo.tv (8 octobre 2009), qui me semble tout en nuances et très bien documentée. L'extrait de l'émission de Marie-France Bazzo est d'ailleurs en tout point plus intéressant que celui de Huis clos, essentiellement à cause de la qualité des intervenants. Pour leur part, les participants de l'émission de Claire Lamarche me donnent encore la même impression de parler à travers leur chapeau, sans nuances, avec un franc manque de rigueur intellectuelle et une argumentation superficielle. Ça m'énerve toujours, mais c'est prévisible lorsque le principal objectif de l'émission est de faire parler M. et Mme tout-le-monde.

En outre, je trouve que ce débat fait du surplace depuis quelques années, alors qu'on se refuse à repenser le système au complet qui lui, pourtant, a été pensé et construit à une toute autre époque. La réforme du ministère a pu engager certains changements importants, comme la création des conseils d'établissement dans les écoles, mais à l'échelle régionale, les commissions scolaires n'ont pas montré les signes d'une volonté de développer une vision plus contemporaine de l'éducation. Dites-moi si je me trompe?




Je me mouille à mon tour... Le privé au public!
Ma réflexion s'articule autour de la capacité du public à absorber les élèves du privés qui reviendraient faute de financement.

Le secteur public professionnel me semble avoir toute l'expertise nécessaire pour offrir une formation destinée à nos meilleurs élèves. Les enseignants détiennent la même formation, qu'ils enseignent au privé ou au public, et sont soumis aux mêmes normes professionnelles. Les contenus obligatoires sont les mêmes, d'autant que la liberté didactique de l'enseignant se doit d'être équivalente d'un milieu à l'autre. Qui plus est, je me demande bien comment on peut juger de la qualité de l'enseignement d'un prof, selon qu'il soit au privé ou au public, alors que l'environnement professionnel dans lequel il se trouve (accessibilité au matériel spécialisé, pression et exigences de l'entourage, organisation scolaire, mais surtout performances globales de ses élèves) peut varier de façon incroyable.

Ajoutons à cela que l'enseignant modèle de l'école privée, qui a peu ou pas de gestion de classe à faire, dont la moyenne académique de la classe se situe au delà de 75% (avec peut-être un ou deux élèves en échec), dont la presque totalité des parents se présentent aux assemblées de parents, dont la composition ethnique et culturelle de sa classe est homogène et compatible; que cet enseignant possède tous les facteurs de réussite qui lui permettent de construire une pédagogie diversifiée et idéale.

Comparons-le à un enseignant de l'école publique normale qui a, dans sa classe, au moins un élève sur cinq qui présente des difficultés marquées d'apprentissage ou de comportement, dont la moyenne académique de sa classe se situe autours de 65% (avec peut-être 9 ou 10 élèves en échec), dont une minorité de parents (et parfois aucun!) assistent aux assemblées; dont la composition ehtnique et culturelle de sa classe est très hétérogène, avec des élèves provenant de tous les pays du monde dont les croyances ne sont pas toujours compatibles. Celui-ci doit, en conséquence, souvent se concentrer sur un certain nombre de priorités éducatives avant de penser à construire la « pédagogie idéale » à laquelle il a fort probablement pensé tout au long de sa formation universitaire.

Au terme de cette comparaison, peut-on affirmer que l'enseignant de l'école publique est moins compétent que le premier? Peut-on croire que le secteur public n'aurait pas autant d'outils que le secteur privé pour pousser l'« élite » à se dépasser?

Ce qui est certain, c'est qu'un enseignant va idéalement tenter de pousser ses élèves le plus loin possible dans leurs apprentissages. Il va s'arrêter lorsque ses élèves ne peuvent plus le suivre, ou lorsque les paramètres de réussite de sa pédagogie ne seront pas réunis.

Les différences entre le public et le privé?
Voici selon moi les trois principales voies de succès de l'école privée :
1. La concentration des élèves performants, soutenus par des familles très instruites et engagées, et l'homogénéité de leurs valeurs culturelles.
2. Le sentiment d'appartenance, aujourd'hui exacerbé par les palmarès de réussite scolaire et les fondations privées qui financent la « marque » de l'école.
3. Une gestion unique pour chaque établissement, autre moteur du sentiment d'appartenance à une institution unique, mais surtout qui laisse place à une plus grande personnalisation des approches pédagogiques.

Les deux premiers éléments sont facilement reproductibles, si ce n'est déjà fait, par les écoles publiques. Mais le troisième semble être le frein majeur à tout changement de perspective, car impossible à imaginer dans le contexte politique actuel de la gestion de l'éducation au Québec.

En conséquence, je suis tenté de joindre ma voix à celle de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE), qui milite pour une plus grande autonomie des écoles et une décentralisation du leadership au profit des écoles et des « gens de terrain ».

Lisez le communiqué de la FQDE de septembre dernier :
Un modèle de réussite canadien : Une école que le Québec devrait s'offrir 

Il me semble qu'avant de pouvoir me prononcer contre le financement de l'école privée, il me manque l'assurance d'une alternative à notre système actuel qui soit, en plus d'être plus contemporaine, plus profitable pour tous.



À écouter éventuellement :
Émission du 7 janvier 2011 : Devrait-on adapter l'école aux besoins des garçons?

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