Texte écrit le 23 mars 2013
Des excuses sont nécessaires
Cela prend beaucoup d’honnêteté et d’humilité
pour reconnaître que l’on s’est trompé. L’exercice du pouvoir comporte des
risques certains, dont celui de faire des erreurs, mais rien ne justifie une
utilisation idéologique de la violence.
Loin de moi l’idée de comparer indistinctement
les événements du printemps érable et ceux de la rébellion en Syrie, mais force
est d’admettre que des ressemblance sont perceptibles sur certains éléments
fondateurs. Situons plutôt ces deux situations sur une forme de continuum des
dérives du pouvoir, à des intensités cependant fort différentes, dont la ligne
directrice serait l’exercice du pouvoir – donc de la violence – à des fins
personnelle ou partisane, au détriment de l’ « intérêt suprême »
de la société.
À une des extrémités se trouve la triste histoire
récente de la Syrie selon Bachar Al Assad. Cet homme, dont l’entêtement et le
désir du pouvoir a mené vers une destruction progressive de son pays, tant
psychologiquement que physiquement, incarne ce que les dérives du pouvoir
politique pourraient représenter de plus terrible. Comment, en effet, justifier
la mort de dizaine de milliers d’être humains, la destruction de territoires
entiers et le traumatisme d’une population entière dont les effets persisteront
pendant de nombreuses années? Non, à mes yeux, aucune fin ne saurait exiger ce
sacrifice. D’ailleurs, sans aucun doute, cet homme devra un jour répondre de
ses actes et faire face à la justice.
À l’autre extrémité se trouve la crise
québécoise de 2012 et le parti libéral du Québec. Ce dernier, qui affichait à
l’origine une bonne foi évidente quant à ses aspirations pour les universités
québécoises, a peu à peu perdu de vue les « intérêts suprêmes » de la
société pour adopter des objectifs à visées personnelles (refus de céder, de
dire qu’on a eu tort) et électoralistes. Alors même que la situation sociale se
dégradait et laissait présager un empoisonnement des relations entre
différentes franges de la société, la raison aurait dû lui faire remarquer que
l’intégrité, l’ordre social et la sécurité de (trop) nombreux citoyens était
menacés par cet affrontement idéologique. Mais surtout, il aurait dû
reconnaître que les nouveaux objectifs qu’il poursuivait ne justifiaient pas
qu’il engage l’état – dont la police – dans la spirale de la violence; ou alors
accepter qu’aujourd’hui on lui impute la responsabilité totale de la crise. Il
ne valait pas la peine d’engager la société dans un débat qui allait
durablement diviser et opposer les membres d’une même nation.
En refusant de reculer, le gouvernement libéral
a sciemment mené le Québec vers une crise profonde – puisque c’est lui qui
menait, rappelons-le – qu’aucun « intérêt suprême » de la société ne
soit arrivé à expliquer. Au final, rien n’arrive à justifier la voie que ce
parti a choisie pour le Québec. Alors, que nous soyons pour ou contre
l’augmentation des droits de scolarité, force est d’admettre que les hommes et
femmes qui dirigeaient notre état à l’époque se sont conduits en dictats et
n’ont pas poursuivis des buts favorables à l’ensemble des citoyens.
Heureusement, contrairement à d’autres populations moins privilégiées, nous
avons pu nous sortir de cette spirale grâce à nos institutions démocratiques.
Mais les dirigeants de l’époque restent imputables, et devraient reconnaître
publiquement qu’ils se sont trompés, sans quoi ils seront à jamais vus à
travers leurs mensonges. Ou alors l’intérêt public aurait-il disparu
définitivement des visées de ce parti?
À cela se jouxte
un mépris pour une frange de la population en fonction de leurs idées et un
travail de propagande et de désinformation bien réfléchi. Bien qu’à des lieues
de distance au plan de l’intensité, ces deux situations nous démontrent qu’il
existe encore aujourd’hui des dirigeants qui sont prêts à tout, même à
envenimer et laisser dégénérer une crise sociale, pour conserver le pouvoir
qu’ils ont acquis.
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