Il faut préciser que le titre a été changé, et l'introduction écourtée. Voici le texte intégral que j'ai envoyé :
La réussite scolaire au Québec :
une affaire de bons enseignants
La rentrée scolaire approche à grand pas, et la
conversation médiatique au sujet de l’éducation au Québec devrait rapidement
reprendre l’effervescence annuelle qu’on lui connaît. Mais avant de sauter à
pieds joints dans ce tourbillon, mettons en perspective l’ensemble des débats
qui auront cours pour tenter d’abord de revenir à l’essentiel :
l’enseignant.
Les enseignants dénoncent fréquemment le manque de
considération dont ils font l’objet, autant de la part des médias que de celle
de la population en général (dont des parents d’élèves). Le plus grave est
certainement le manque de considération qui provient de l’appareil de gestion
de l’éducation, qui cherche résolument la solution à ses problèmes dans
l’augmentation constante et progressive de la tâche des enseignants, tel une
entreprise qui cherche à augmenter la productivité de ses ouvriers. Mais le
problème fondamental derrière ce paradigme économique, c’est que le résultat de
l’entreprise éducative n’est pas un produit, mais un service; et que le service
éducatif dépend presque uniquement de l’individu qui le conçoit, le planifie et
l’opère : l’enseignant. Malheureusement, les outils de gestion utilisés
jusqu’à ce jour pour augmenter la réussite scolaire des élèves (voir à ce sujet
l’aberration des « contrats de performances » imposés aux écoles,
commissions scolaires et universités) ont eu l’unique effet dévastateur de
déconsidérer et démotiver les enseignants en réduisant le résultat de leur
travail à la simple moyenne des notes de leurs élèves.
À un problème
énorme, des solutions ciblées
La sélection, la préparation et le soutien de l’enseignant
sont les seuls vrais leviers auxquels le monde de l’éducation peut recourir
pour améliorer ses « performances ». La recherche en éducation nous
indique en effet que le facteur de réussite le plus important en milieu
scolaire demeure sans contredit l’enseignant(e).
On sait maintenant que peu importe les ressources, les programmes ou les
approches mis de l’avant par l’école, ce sont les qualités intrinsèques de
chaque enseignant(e) qui auront le plus grand impact sur la réussite des
élèves. Alors la question qui devrait toujours accompagner les actions de
l’État en matière d’éducation devrait être la suivante : comment
pouvons-nous faire en sorte que nos enseignants soient les meilleurs possible? Voici
un rappel des principales pistes de solutions :
1. Améliorer
la sélection des candidats à la formation universitaire
Il aurait lieu d’exiger davantage de la part des
nouveaux admis en enseignement. D’abord un test de français et de connaissances
générales devrait être exigé de chaque candidat avant l’admission (et non en
cours de formation comme actuellement). Ensuite, une entrevue devrait être
obligatoire pour tous. Finalement, la cote R minimale pour entrer en formation
devrait être fixe et élevée, quitte à ne pas remplir toutes les places réservées
aux candidats collégiens et augmenter le nombre de places pour les candidats adultes
ou issus d’autres programmes universitaires.
2. Augmenter
le niveau de difficulté du baccalauréat et exiger davantage des étudiants en
enseignement
La formation universitaire des enseignants est de
plus en plus reconnue pour la facilité déconcertante avec laquelle les
étudiants réussissent à passer au travers. Sachant que les enseignants
détiennent un pouvoir redoutable sur les développements social et psychologique
des élèves de leur classe, est-il admissible que leur formation n’exige pas le meilleur
d’eux? Non, la formation universitaire devrait plutôt être redoutable et
pousser les futurs enseignants à se dépasser, tout en leur offrant le plus
grand bagage de connaissances possible.
3. Augmenter
les salaires
Une revalorisation du travail enseignant passe
inévitablement par une hausse substantielle des salaires. C’est connu, de
meilleurs salaires attirent automatiquement de meilleurs candidats. Mais
au-delà de cette considération majeure, ne serait-il pas juste d’augmenter la
rétribution des agents de notre éducation publique, considérant les impacts
sociaux, démographiques et économiques de leur travail professionnel?
4.
Professionnaliser – vraiment – la
pratique enseignante
Contrairement à toutes les autres professions dont
l’exercice met l’intégrité psychologique et physiologique d’un être humain en
jeu, l’enseignement n’est pas encadré et régit par un ordre professionnel. Actuellement,
les trois institutions qui font ce travail morcelé – le ministère de
l’éducation, les universités et les syndicats – sont soumises aux fluctuations
politiques et sociales et, par conséquent, agissent selon des intérêts qui
peuvent changer. Regrouper les questions relatives à l’acte d’enseigner (par
exemple : l’éthique professionnelle et les responsabilités du praticien)
au sein d’un seul organisme apolitique ayant les coudées franches pourrait non
seulement accroître le sentiment de protection du public, mais également
favoriser le plein développement et l’affirmation professionnels de nos
enseignants.
5. Entourer et
soutenir les enseignants
Les enseignants sont épuisés; c’est ce que
confirment les études récentes sur la qualité de vie des enseignant. Les
entourer et les soutenir signifie ne jamais les laisser seuls dans leur classe,
à souffrir le poids de la réussite de leurs élèves et leur propre réussite
professionnelle. Tous les enseignants, en particulier les novices, devraient
bénéficier d’un suivi hebdomadaire bienveillant qui passe en revue leur travail
pédagogique et aide à résoudre les problèmes. De plus, à défaut de pouvoir
réduire les ratios maître/élèves, il serait bénéfique de mettre à la
disposition des enseignants de l’aide quotidienne dans la planification et la
réalisation d’activités d’enseignement. Cette aide pourrait prendre plusieurs
formes : orthopédagogues, éducateurs et psychoéducateurs, parents
bénévoles, stagiaires et aides-enseignants.
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